ecopoetique

La fougère mange le soleil à l'ombre

De l’autre côté de ma porte

Quand la canopée ondule

Je perçois l’ample tessiture

Vocale de la forêt.

Je saisis le chuchotement

De la fougère dans le creux d’un chemin sombre

Accrochée aux mousses des troncs moribonds

Là où l’air frais et humide se fait plus aigu.

J’avais le beau du lieu

Je découvre le sublime

Prenant l’allure de richesses biotiques.

Sobre dans son repaire
La fougère se contente d’un repas frugal

Goute la lumière rouge cédée

Par les feuillus qui n’en font point régal

D’un rhizome écaillé de fines radicelles

Se trémoussent au cœur des paillassons de mousse.

En promesse d’avenir

Eternelle antienne

Sur le substrat humide

La fougère projette ses spores.

Au printemps toutes les crosses d’évêque

Couvertes d’écailles dorées montent en bouquets

Tels la rose et le lisianthus éclos à la fraicheur du jour

Que j’aime t’offrir le cœur palpitant d’amour.

L’oreille ouverte au point de vue de la fougère

Je recompose ma façon de voir le monde

Attentif à son altérité radicale

Fougère un bref instant je suis devenu.


 

Saint-Pabu le 08/08/2022

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