
Dans un océan d’agriculture intensive
Survivent des îlots de prairies
Aux lieux fleuris et pâturés.
C’est là que la Gentiane Croisette sourit au ciel
C’est là que l’Azurée au velours brun et moiré
Câline les étamines de chacune de ses hôtes.
C’est là que l’Azurée répand la poudre d’amourette
Sur les galantes stigmates de sa fleur préférée
C’est là que la Gentiane offre sa corolle nourricière.
Comme la feuille arrachée par l’orage tombe au sol,
La chrysalide nacrée et la graine de Gentiane
Minuscules sauvageonnes promènent
Leur espérance de vivre sous les cieux.
La pluie qui vient abreuver la terre
Met fin à l’errance de la graine.
Le parterre apprivoisé de la verte prairie
Laisse de nouveau bourgeonner la Gentiane.
De son piège olfactif
La chenille subjugue les Myrmicinaés
Transportée dans la demeure de la tribu prolifique
Elle s’y repaît pansue comme un portefaix
Jusqu’à sa magique métamorphose.
Dans la prairie, le papillon pollinise les vivaces champêtres.
Au grand bonheur des chevriers
Le lait goûté de leurs biquettes perpétue
Le petit Lancéen rond, le Trèfle du Perche
Ou autre Bouton de Culotte.
C’est la manière qu’a le vivant
D’être et de se faire entendre.
Le vivant n’est pas une chose ici et une autre là
La flore, la faune, les humains et non-humains
Ont pris le temps de se relier à la toile de la vie.
Je ne veux pas me résigner
A ce que ces liens disparaissent à jamais
Je veux les préserver.

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